Réal. Werner Herzog, DE/GH, 1987, Coul., 111′, vo st fr
Au Brésil, Francisco Manoel da Silva, dit Cobra Verde, surveille les six cent esclaves d’un gros propriétaire. Lorsque ce dernier réalise que Cobra Verde a mis enceinte trois de ses filles, il s’en débarrasse l’envoyant en Afrique. Sur la côte africaine, le roi du Dahomey a cependant juré de tuer tout homme blanc pénétrant sur ses terres.
Après Aguirre, la colère de Dieu (1972) et Fitzcarraldo (1982), Cobra Verde conclu une trilogie sur le colonialisme, marquée notamment par la figure hirsute et hallucinée de Klaus Kinski (1926-1991). Sujet difficile, l’esclavage est ici montré dans toute sa réalité, et dans ses complexes intrications. Tourné sur place et avec des figurants et acteurs locaux – dont le souverain Nana Agyefi Kwame II –, le film est porté par la musique mystique et onirique de Popol Vuh et par les chants poignants de jeunes choristes africaines. Il faut encore dire qu’une terrible image hante la dernière séquence du film: sur une plage battue par les lames de l’Atlantique, un homme, le corps déformé par la poliomyélite, s’avance comme un spectre. Le corps brisé, fracassé, de l’Afrique.